Obtenir un visa pour la France est devenu, de nos jours, une mission presque impossible pour la majorité des Algériens. Ils sont, en effet, de plus en plus nombreux ces Algériens qui galèrent pour avoir un visa alors que d’autres voient carrément leur demande refusée.
Depuis la décision prise en octobre 2021 par le gouvernement français de réduire de 50 % le nombre de visas accordés aux Algériens et aux Marocain et de 30 % pour les Tunisiens, les ressortissants de ces trois pays d'Afrique du Nord se retrouvent confrontés à de nombreux obstacles pour obtenir le fameux sésame. De nos jours, avoir un avis favorable pour sa demande de visa pour la France est presque un rêve pour la majorité des Algériens.
Dans un reportage publié mercredi 9 novembre par le quotidien français Le Monde, de nombreux Algériens ont témoigné de leur calvaire pour avoir un visa pour la France. C’est le cas de Nadia, 66 ans, qui voit sa demande de visa refusée pour la troisième fois de suite en l’espace d’un an. Pourtant, cette retraitée de l’enseignement affirme avoir satisfait toutes les exigences requises pour un visa touristique.
Refus de visa pour la France : « Ça frise l’humiliation ! »
Il y a près d’un mois, Nadia est retournée bredouille du Centre VFS Global à Alger, le prestataire qui sous-traite en Algérie les demandes de visas pour la France. Avec, dans son passeport, un imprimé lui signifiant un refus de visa. « Ça frise l’humiliation ! », lance Nadia qui affirme dans les colonnes du journal Le Monde qu’elle n’avait jusque-là rencontré aucune difficulté à obtenir un visa pour la France.
Selon Nadia, le motif invoqué par le Consulat de France à Alger pour le refus de son visa, Le 3e de suite, est de ne pas avoir justifié de revenus suffisants. « J’ai beaucoup voyagé, j’ai visité plusieurs pays, aucun ne m’avait refusé le droit d’entrer. De quoi ont-ils peur ? Que je m’installe en France illégalement ? Si j’avais voulu faire ça, je l’aurais fait avant, mais ça ne m’a jamais intéressée », explique-t-elle.
« J’avais apporté des pièces qui ne sont pas demandées comme l’avis d’imposition de mon fils qui vit en région parisienne pour prouver que sa situation professionnelle est confortable et qu’il peut m’accueillir dans de bonnes conditions, se désole la retraitée. J’ai gagné dignement ma vie, je remplis leur dossier en bonne et due forme, que leur faut-il de plus ? » se désole cette ancienne professeure de français.
« Je ne vais pas continuer à quémander un visa »
Se sentant « humiliée », Nadia a décidé de ne plus refaire une demande de visa pour la France. « Je ne veux plus en entendre parler ! J’ai dit à mon fils qu’on allait se débrouiller pour se retrouver soit en Algérie, soit ailleurs. Je ne vais pas continuer à quémander un visa », lâche-t-elle, avant de s’indigner : « c’est une honte que les gouvernements français et algériens n’arrivent pas à se mettre d’accord et privent des milliers de familles de se rassembler. »
Amir a, lui aussi, vécu la même mésaventure. Ce cadre d’un ministère algérien qui a l’habitude de passer des vacances France a vu sa demande de renouvellement de visa refusée. Pour la seconde fois de suite, Amir qui avait prévu de se rendre en France pour y acheter un véhicule neuf, s’est vu refusé le fameux sésame. « Je renouvelle mon visa sans problème depuis les années 1990, j’arrivais même à obtenir des visas de longue durée. Mais, là, ils ne prennent même pas la peine de justifier leur refus. C’est du mépris », lâche le quinquagénaire, qui regrette une punition collective. « Le problème est politique. On paie les pots cassés », témoigne-t-il.
Il a déboursé 8000 dinars à un « intermédiaire » pour avoir un rendez-vous chez VFS Global
Mais le calvaire des Algériens avec les visas pour la France commence lors des procédures de demandes. Cela relève du parcours du combattant. Et, ce, dès la prise en ligne de rendez-vous pour déposer sa demande auprès du Centre VFS Global. Comme le site de ce dernier est souvent saturé, les demandeurs de visa sont souvent obligés de passer par des intermédiaires. Cela demande bien sûr des sommes faramineuses.
C’est ce qu’a dû faire Hillal, ce cadre dans une multinationale française à Béjaïa. Il a déboursé 8 000 dinars à un intermédiaire afin de pouvoir obtenir un rendez-vous en ligne chez VFS Global pour sa demande de visa. « Je n’avais pas le choix. J’étais connecté non-stop. J’avais installé une extension d’autosaisine sur mon ordinateur pour gagner du temps. Mais, malgré tout ça, c’était impossible d’avoir un rendez-vous », témoigne-t-il.