Les migrants et travailleurs sans papiers installés en Grèce pourront dorénavant bénéficier d'un titre de séjour.
Ce nouveau titre de séjour, implanté le 14 décembre 2023 par amendement du ministère du Travail, de l’Immigration et de l’Asile profitera à plusieurs milliers de migrants clandestins sur le territoire grec. Cette nouvelle loi, qui allège le règlement déjà en vigueur, profite à tous ceux qui ont résidé sur le territoire grec depuis au moins 3 ans, alors qu'il fallait auparavant 7 ans pour ouvrir le droit de demander un titre de séjour.
Conditions d'éligibilité à ce nouveau titre de séjour en Grèce
Cependant, il faut noter que cela ne concerne et ne s'applique pour le moment qu'aux personnes arrivées sur le sol grec avant la date du 30 novembre 2023. Il sera aussi nécessaire d'être travailleur ou promu à une offre d'emploi prochaine. La demande se fera en ligne, et ce tout au long de l'année 2024.
Il est à noter que :
- Le permis ne concerne que les travailleurs.
- Le permis prendra fin et sera révoqué en cas d'interruption de l'activité ou de l'emploi pour quelque raison que ce soit.
- Le permis ne donne ni droit à la résidence permanente ni à la naturalisation ni au regroupement familial.
- Le permis est exceptionnellement accordé une seule fois et reste valable pour une durée de 3 ans.
- Si le permis arrive à expiration, il sera possible de demander un autre titre de séjour si la personne est encore éligible, en témoignant d'un bon état de santé et en justifiant de sa situation fiscale.
La Grèce veut booster la main-d'œuvre et répondre à la concurrence européenne
À travers ce nouveau titre de séjour, Athènes affiche sa mission de répondre à la forte demande des secteurs « faibles » manquant cruellement de main-d'œuvre, comme celui de l'agriculture. Selon Lefteris Avgenakis, ministre de l'Agriculture, la Grèce aurait besoin de 180'000 ouvriers agricoles pour gérer ses exploitations chaque année.
La Grèce cherche ainsi à capter les migrants – notamment ceux qualifiés dans l'agriculture et l'élevage – qui utilisent son territoire comme une plateforme de transit vers d'autres pays européens, et ainsi de réduire les tensions présentes sur le marché du travail dans l'Espace Schengen, venant notamment de concurrents tels que l'Italie.
Vers une accumulation des sans-papiers en Grèce ?
Bien qu'une partie intégrante de la main-d'œuvre en Grèce soit composée de sans-papiers clandestins du Moyen-Orient, d'Asie et d'Europe de l'Est, ils travaillent souvent – et pour la plupart – illégalement. Le gouvernement, par cette nouvelle mesure, encouragerait-il les sans-papiers à rester dans cet état et à ne pas chercher une régularisation ?
Domitille Nicolet, coordinatrice et avocate de l’association Equal legal aid (ELA), soulève un point encore plus préoccupant : le cas des demandeurs d'asile, qui se retrouveraient minoritaires et seraient poussés à rester dans la clandestinité. « C’est de plus en plus difficile de demander l’asile en Grèce, et donc in fine à obtenir le statut de réfugié. C’est un véritable parcours du combattant. Tous les outils sont mis en place pour rendre la procédure d'asile impossible », se plaint-elle.