La nouvelle loi sur l'immigration, votée le mardi 19 décembre 2023, inclut un volet concernant les étudiants étrangers qui a causé panique et spéculations dans le milieu de l'enseignement supérieur.
Que des étudiants doivent prouver qu'ils disposent de ressources nécessaires pour aller étudier sur un autre territoire n'est, en réalité, pas nouveau et pas mal de pays, dont la France, demandent un justificatif qui consiste en un simple relevé bancaire.
Dans le projet « Bienvenue en France » en 2019, des frais d'inscription majorés avaient déjà été mis en place, seulement, les directeurs d'universités ont été rares à sérieusement l'appliquer. Seulement 13 universités l'appliquent complètement d'après Campus France, tandis que 16 l'appliquent partiellement pour quelques étudiants seulement et que 42 d'entre elles exonèrent tous les étudiants étrangers.
Un modèle qui s'inspire de la « caution retour », déjà appliquée en Allemagne
Il s'agit de déposer une somme dans un compte bancaire bloqué en guise de « caution » ou de « gage » de retour, signifiant que l'étudiant dispose d'assez d'argent pour revenir dans son pays d'origine. Il obtient ainsi sa carte de séjour avec la mention « étudiant ». L'argent ne pourra être débloqué qu'une fois ce titre de séjour modifié ou bien qu'il soit de retour dans son pays après avoir terminé ses études en France.
Élisabeth Borne, la Première ministre, précise que la caution ne sera pas aussi importante qu'on le croit. « Ça peut être de 10 euros, 20 euros », avait-elle déclaré, en aoutant que cette mesure pourrait encore être revue plus tard, et que le ministre de l'Enseignement supérieur pouvait dispenser de cette caution en fonction de leurs ressources et de leur parcours scolaire et universitaire.
Il se pourrait, cependant, en plus de cette caution, que les frais d'inscription pour les étudiants étrangers venant de pays hors de l'Union européenne augmentent.
Réactions des étudiants à Paris
Les étudiants étrangers ont témoigné de leur quotidien en région parisienne, où la vie est plus chère et ont fait part de ce qu'ils pensent de la nouvelle loi immigration au média RFI. La plupart de ces étudiants expriment leur frustration et leur incompréhension.
Christian, étudiant camerounais en France depuis septembre dernier, déclare : « je ne comprends pas cette stigmatisation. Ils viennent poursuivre une formation, pour acquérir plus de connaissances et accéder à des boulots qui ne sont peut-être pas disponibles en Afrique, parce qu'il y a certains domaines qui ne sont pas ouverts en Afrique. L'étudiant n'a pas le choix, en fait ».
« J'ai l'impression qu'on parle de la caution d'un appartement pour prouver que je ne vais rien abîmer. Je ne comprends pas bien le message. Au contraire, on devrait tout faire pour que les étudiants et les jeunes qualifiés aient envie de venir. Peu importe d'où ils viennent, pour le bien de la société », témoigne Sinha, étudiant d'origine indienne venu en France pour poursuivre ses recherches dans le domaine de l'IA.
Les responsables de plus de soixante universités décrètent que cela nuit à l'esprit de recherche et d'ambition, ils s'indignent en disant que cela empêche de faire de la France « un acteur majeur de la diplomatie scientifique et culturelle internationale », comme l'avait aussi dit Emmanuel Macron, lui-même en défaveur de ce volet spécifique réservé uniquement aux étudiants étrangers dans cette nouvelle loi immigration.