L'Union européenne a décidé de durcir sensiblement les conditions de son système migratoire, marquant ainsi un changement important. Cet accord, salué comme « historique » par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, représente une refonte profonde des règles européennes sur la migration et l'asile.
L’accord survient à la suite d'années de débats et de tractations entre les eurodéputés et les représentants des 27 États membres de l’Union européenne. La présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, qualifie cet accord de « probablement le plus important de ce mandat ».
Ce Pacte sur la migration et l'asile, présenté en septembre 2020 par la Commission européenne, vise à remodeler le système migratoire européen après l'échec d'une proposition similaire en 2016, marquée par la crise des réfugiés. Cette réforme comprend un renforcement du contrôle des arrivées de migrants dans l'UE, l'établissement de centres fermés aux frontières pour expulser plus rapidement ceux n'ayant pas droit à l'asile, et l'instauration d'un mécanisme de solidarité obligatoire entre les États membres.
L'accord politique obtenu sur les cinq textes de cette réforme devra encore être formellement approuvé par le Conseil d’États membres et le Parlement européen, avec l'objectif d'une adoption finale avant les élections européennes de juin 2024. La question de l'immigration demeure au cœur du débat politique, alimentée par la montée des partis d'extrême droite et populistes dans de nombreux pays européens.
Une reforme qui coïncide avec la loi immigration en France
Cet accord coïncide curieusement avec l'adoption en France d'une loi controversée sur l'immigration, provoquant une crise politique due au soutien de l'extrême droite. Le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a salué cette "grande avancée", tandis que les organisations de défense des droits humains expriment leurs préoccupations.
La réforme maintient le principe du premier pays d'entrée responsable du dossier du demandeur d'asile, avec des aménagements. Un système de solidarité obligatoire est prévu en cas de pression migratoire, obligeant les autres États membres à contribuer par le biais de relocalisations ou de soutien financier.
Elle introduit également un "filtrage" des migrants à leur arrivée et une "procédure à la frontière" pour ceux statistiquement moins susceptibles d'obtenir l'asile. Cette procédure s'appliquera aux ressortissants de pays où le taux de reconnaissance du statut de réfugié est inférieur à 20%, incluant même les familles avec des enfants de moins de 12 ans.