Boeing pourrait être confrontée à des poursuites judiciaires suite à deux accidents tragiques, impliquant le 737 MAX, qui ont coûté la vie à 346 personnes. Le constructeur aéronautique américain est accusé d'avoir enfreint les termes d'un accord conclu en 2021 qui visait à protéger l'entreprise contre d'éventuelles accusations criminelles liées à ces incidents.
Dans une lettre adressée à un juge fédéral le 14 mai dernier, le ministère américain de la Justice a notifié que Boeing n'avait respecté certaines conditions d'un accord conclu pour éviter des poursuites pénales liées à deux incidents impliquant le 737 MAX. Ces accidents dramatiques ont entraîné la perte de 346 vies entre fin 2018 et début 2019.
Cela ouvre la voie à d'éventuelles poursuites contre Boeing dans cette affaire, selon les termes de la lettre ministérielle, qui indique que le département examine actuellement la possibilité d'engager des poursuites contre le constructeur aéronautique américain, plongé dans une période tumultueuse suite à plusieurs incidents, rapporte le journal spécialisé dans le domaine aéronautique, AirJournal.
La réponse de Boeing face aux accusations
Boeing a réagi en faisant part de son anticipation de la possibilité de répondre au ministère de la Justice. En effet, il « estime avoir honoré les termes de cet accord ». Dans le détail, l'entreprise a versé une indemnisation de 2,5 milliards de dollars suite à ces incidents.
De leurs côtés, les procureurs se sont engagés à solliciter l'abandon des poursuites pénales après une période de trois ans. Le ministère de la Justice a indiqué que Boeing a jusqu'au 13 juin pour répliquer aux allégations, précisant que sa réponse influencerait la décision à prendre quant à la suite à donner à l'affaire. Pour rappel, le 737 MAX, qui a été immobilisé au sol pendant près de deux ans après deux accidents mortels, a finalement été autorisé à voler à nouveau avec certaines restrictions. Cependant, la confiance du public en cet avion reste fragile.
Les familles des victimes ne lâchent pas l'affaire et attaquent Boeing
Les familles des victimes ont plaidé en la faveur des poursuites pénales à l'encontre de l'entreprise. Paul G. Cassell, l'avocat qui les représentent, a qualifié cette démarche de premier pas positif, soulignant toutefois qu'un long chemin reste à parcourir. Il a exprimé la nécessité de mesures supplémentaires de la part du ministère de la Justice pour tenir Boeing pleinement responsable. En parallèle, le constructeur demeure sous étroite surveillance en ce qui concerne la sécurité de ses avions, notamment après un incident en janvier, où une porte inutilisée s'est détachée d'un nouveau 737 MAX peu après le décollage, créant un trou béant sur le côté de l'appareil.
La décision de mardi est « une immense victoire », a réagi Catherine Berthet auprès de l'AFP, selon Le Figaro, qui a perdu sa fille Camille dans l'accident d'Ethiopian Airlines. « Nous nous battrons pour un procès pour homicide involontaire de la part de Boeing et de ses dirigeants ». C'est une « bonne première étape », mais « nous devons voir d'autres actions du ministère de la Justice pour faire rendre des comptes à Boeing », a déclaré Paul Cassell dans un communiqué.