L’Algérie a récemment intensifié ses achats de blé sur les marchés internationaux, une décision qui découle d'une stratégie visant à sécuriser ses approvisionnements alimentaires dans un contexte mondial particulièrement tendu.
En effet, la guerre en Ukraine, les tensions géopolitiques, ainsi que l’instabilité des prix des matières premières ont considérablement perturbé les chaînes d'approvisionnement mondiales. Le blé, pilier de l'alimentation en Algérie, représente un enjeu stratégique majeur, car il est essentiel à la production de pain, de semoule et de couscous, des aliments de base dans le pays.
Malgré des efforts pour accroître la production nationale, l’Algérie reste dépendante des importations pour répondre à ses besoins.
Cette situation a incité le pays à diversifier ses sources d'approvisionnement et à multiplier les achats massifs de blé tendre, avec des volumes records. Ce renforcement de la politique d’importation reflète la volonté de l’Algérie de garantir sa sécurité alimentaire face à des marchés mondiaux en crise.
Une dépendance persistante au blé importé
Malgré les efforts pour améliorer la production locale, l’Algérie reste un des plus grands importateurs de blé tendre au monde. La consommation nationale ne cesse d’augmenter, alimentée par la croissance démographique et les besoins du secteur agroalimentaire.
Environ 80 % des importations de céréales sont consacrées au blé tendre, une variété qui représente une part prépondérante dans l’alimentation algérienne. Face à une telle dépendance, le pays a décidé de prendre des mesures urgentes pour sécuriser ses approvisionnements.
L’Office Algérien Interprofessionnel des Céréales (OAIC) a ainsi lancé plusieurs appels d'offres à l'international, ciblant des pays diversifiés comme l’Europe, le Canada, l’Amérique du Sud, les États-Unis et l’Australie. Cette stratégie vise à réduire les risques liés à une concentration excessive sur certains fournisseurs, tout en assurant une meilleure flexibilité dans les livraisons.
Des tensions sur les marchés mondiaux
L'instabilité des marchés mondiaux, exacerbée par la guerre en Ukraine, a profondément perturbé les chaînes d'approvisionnement et fait grimper les prix des céréales. Les prévisions mondiales de production de blé pour la campagne 2024-2025 ont été révisées à la baisse, ce qui a exacerbé les difficultés des pays importateurs comme l’Algérie. En outre, les stocks mondiaux de céréales sont au plus bas, une situation qui complique davantage la tâche des pays fortement dépendants des importations.
Le pays a donc accéléré ses achats massifs, en s'assurant des volumes considérables pour constituer des réserves suffisantes. Cette démarche s'inscrit dans un objectif stratégique de sécurisation des approvisionnements à court et moyen terme.
Une vision à long terme : vers l’autosuffisance
Malgré cette dépendance persistante aux importations, l’Algérie a annoncé qu’elle visait à atteindre l'autosuffisance en blé dur d'ici 2025. Les investissements dans les infrastructures agricoles et les politiques visant à augmenter les rendements locaux devraient permettre de couvrir une partie croissante des besoins nationaux en blé dur. Toutefois, la situation du blé tendre reste problématique, principalement en raison des contraintes climatiques et structurelles.
L'Algérie n’a donc pas l’intention de réduire ses achats internationaux de céréales à court terme, tout en continuant à œuvrer pour la réduction de sa dépendance extérieure. La diversification des fournisseurs, associée à une gestion prudente des stocks, permet au pays de mieux résister aux fluctuations des prix mondiaux.