Une Algérienne qui risque l'expulsion du Canada raconte son périple

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Femme avec le drapeau du Canada
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Installée au Québec depuis 2019 avec sa famille, une jeune Algérienne est contrainte de quitter le Canada dans les plus brefs délais suite à la réception d'une ordonnance d'expulsion.

Mélissa Niati, une jeune Algérienne âgée de 25 ans vivant au Canada, a choisi de partager son témoignage lors d'une interview accordée à Paul Arcand, animateur de l'émission de radio « Puisqu'il faut se lever ». C'est suite à l'initiative de son employeur, qui a contacté le célèbre animateur radio au Canada, qu'elle a eu l'opportunité de raconter son histoire.

Avant de prendre attache avec Mélissa, Paul Arcand commence son émission par rappeler à son auditeur que « toute la semaine, les politiciens nous ont martelé l'importance d'avoir des immigrants au Québec qui parlent français idéalement à leurs arrivées ». Cependant, ce mantra ne semble pas s'appliquer sur le terrain, selon lui. Effectivement, le nombre de courriels qu'il reçoit quotidiennement de la part de personnes établies au Canada, depuis quelques années déjà, l'informant de la réception d'avis d'expulsion, témoigne de la réalité de la situation. Cela souligne également les difficultés bureautiques qui entraînent des délais dans l'obtention d'un statut.

Par la suite, l'animateur a donc reçu Mélissa, en rappelant qu'elle était une jeune Algérienne âgée de 25 ans et titulaire d'un diplôme en finances et comptabilité attribué par l'Université d'Alger. Cette jeune femme, ainsi que les membres de sa famille, à savoir son père, sa mère et son frère, font l'objet d'un ordre d'expulsion émis par la Cour fédérale canadienne, et ce, malgré sa présence sur le territoire depuis juillet 2019.

Pourquoi quitter l'Algérie ?

Avant d'aborder le sujet de leur expulsion, Paul Arcand demanda à Mélissa de lui exposer les raisons qui ont poussé sa famille à quitter l'Algérie. La jeune femme commence alors par expliquer que son père était un homme d'affaires en Algérie qui devait faire face à des concurrents et à des gens qui n'hésitaient pas à le voler et à l'arnaquer. Des incidents qui l'ont poussé à déposer plusieurs plaintes, entrainant plusieurs affaires judiciaires. Selon Mélissa, la justice algérienne n'était pas en faveur de son père. De plus, des menaces pesaient sur leur famille, les poussant à prendre la décision de quitter le pays pour « vivre en paix ».

Après leur arrivée au Canada en 2019, les parents de Mélissa ont déposé une demande d'asile en août de la même année. Malheureusement, leur demande a été rejetée par la Commission des réfugiés. La famille a ensuite fait appel de cette décision auprès de la Section d'appel des réfugiés, mais leur appel a également été refusé. Le 9 mai 2023, ils ont reçu un nouveau refus de la part de la Cour fédérale, ce qui signifie que Mélissa et sa famille ont désormais 30 jours pour quitter le territoire canadien.

Mélissa poursuit en expliquant que depuis leur installation au Canada, ses parents, ainsi que son frère et elle, travaillaient tous dans des emplois stables, qu'ils ont toujours payé leurs impôts, et qu'ils n'ont jamais eu aucun souci. Effectivement, la jeune femme occupe elle-même un poste dans une entreprise depuis trois ans. Elle poursuit en précisant que son père a même été aide-soignant durant la période de la pandémie de Covid, que sa mère est aide-éducatrice et que son frère aussi travaille comme caissier. Selon elle, ils « n'ont juste pas été chanceux dans les démarches ».

Pourquoi avoir peur de retourner en Algérie ?

L'animateur a ensuite évoqué cette peur qui empêchait Mélissa et sa famille d'envisager un retour en Algérie. À ce sujet, la jeune femme précise qu'en plus des menaces de mort qu'ils recevaient, elle et sa mère ne portent pas le voile. « On n'était pas bien en Algérie, on vivait dans la peur, on devait être caché [...] on ne remplissait pas les critères d'une bonne musulmane », précise-t-elle. Elle poursuit en disant qu'en Algérie, elles n'avaient pas le droit de vivre et qu'elles étaient en quelque sorte « soumises ».

Elle ajoute qu'elle ne pourrait même pas envisager de s'installer dans une autre ville qu'Alger, car elle pense que la situation serait encore bien pire pour elle en tant que femme, selon elle, l'Algérie compte parmi ses citoyens des « musulmans radicaux », l'une des raisons qui la poussent à vouloir rester au Canada.

L'animateur canadien évoque le sujet de la situation matrimoniale de la jeune femme. Cette dernière l'informe qu'elle était mariée avec un québécois depuis 2021, et que, sans tarder, elle avait lancé une demande de parrainage, qui sera malheureusement bloquée suite à l'avis d'expulsion dont elle fait l'objet.

Mélissa a été ensuite invitée à donner son avis sur le sujet de l'envie du gouvernement canadien d'accueillir des étrangers francophones, dans un moment où elle et sa famille font l'objet d'une expulsion. La jeune femme n'a pas caché son mécontentement en s'estimant prioritaire, étant déjà sur le territoire canadien et remplissant tous les critères. Pour finir, elle souhaite que le ministre de l'Immigration au Canada étudie le cas de sa famille afin d'intervenir et d'annuler leur expulsion en leur octroyant un statut légal au Canada.

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